“Nulle société n’eut une période plus brillante que celle de Caen…
Elle eut des membres qu’auraient pu lui envier toutes les Académies de l’Europe”
Francisque BOUILLIER
L’Académie de Caen a connu, surtout au XVIIe et au XVIIIe siècle, un certain nombre d’avatars, au cours desquels les hommes ont dû affronter toutes sortes de situations inattendues, souvent embarrassantes, parfois épineuses, toujours révélatrices en tout cas de la qualité profonde des individus; or, il est réconfortant de constater qu’en ces diverses conjonctures l’Académie a, le plus souvent et tout naturellement, privilégié ses raisons d’être : amour des Belles-Lettres, désintéressement, sens de l’échange, et qu’elle a manifesté dès le début un “esprit de corps” qui ne lui fera jamais défaut tout au long de son existence, y compris jusqu’aux périodes les plus récentes.
La première moitié du XVIIe siècle représente un tel bouillonnement économique et politique, ainsi qu’une telle effervescence philosophique, religieuse et scientifique, qu’on ne peut s’étonner, dans le même temps, d’un renouveau littéraire et culturel, dont témoigne la fondation de l’Académie française en l635 ; dans cette mouvance, vont se créer un peu partout dans le royaume " de petits cercles d’amis associés par les mêmes goûts, dont les réunions deviennent de plus en plus régulières par le plaisir de se voir et par le charme des choses de l’esprit " (Francisque Bouillier).
C’est ainsi qu'à Caen, où la tradition culturelle est longue, est créée en l652 la première académie littéraire de province, après l’Académie française, faisant de cette ville "l'Athènes normande". Par la suite fut créée la première Académie de Physique de France (l662), à la destinée éphémère, mais qui aura précédé de quatre ans la fondation de l’Académie de Sciences de Paris !