Première Académie littéraire de Province fondée après l'Académie française, sous le règne de Louis XIV (1652)
Mémoires 2023
"La soif d'Orient des Normands"
L'Orient ! Depuis un millénaire, il n'a cessé de captiver et d'inspirer les Normands. Première livraison des Cahiers de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen, cet ouvrage inédit tente d'évaluer l'originalité et le rayonnement de "l'orientalisme à la normande". Il rassemble pour cela cinq éclairages différents et complémentaires, traversant les époques, touchant aussi bien à l'orientalisme des savants qu'à celui des peintres et écrivains.
"Oser savoir : Dix siècles d'éducation et d'instruction en Normandie"
Après les écoles abbatiales, l’Université de Caen, doyenne des Universités du quart nord-ouest de la France, est devenue un creuset universitaire qui n’a cessé d’entretenir, au niveau de la Normandie, de la France et même à l’international, un foyer constant de la culture. L’Université de Caen constitue donc la première partie de nos exposés. En relation avec elle, des personnalités reconnues de l’éducation en Normandie seront évoquées. Leurs enseignements, leurs travaux de recherche, leurs contributions décisives au niveau théorique, pratique et pédagogique ont participé aux avancées de l’éducation. On compte parmi elles, Pierre-Daniel Huet et sa vision moderniste du préceptorat ; Pierre-François Jamet, précurseur de l’éducation spécialisée ; Gaston Mialaret, fondateur des sciences de l’éducation ; Édouard Zarifian, défenseur d’une psychiatrie plus humaine ; Olivier Houdé, à l’origine du développement de la neuropédagogie ; Francis Eustache et ses travaux sur la mémoire, ainsi que des organismes éducatifs, à découvrir au fil de ces pages.
Nous sommes ce que nous croyons être et ce que l'on croit que nous sommes, et personne (ni nous) ne le peut préciser. La singularité de l'Académie est d'être indéfinissable. Si elle ne le fût, sa gloire ne serait point du tout ce que l'on sait qu'elle est : toute chose dont on peut se faire une idée nette perd de sa force de prestige et de sa résonance dans l'esprit. Il y a donc un mystère de l'Académie qui lui est sans doute essentiel ; et cette sorte de transcendance s'accuse et se démontre dans la liberté de nos choix. Nulle spécialité ne s'impose à nous. Les motifs de nos préférences se dérobent assez souvent à tout le monde et parfois à nous-mêmes. Mais si l'on nous reproche que nos voies soient impénétrables, nous trouvons à ces mots une saveur de compliment... Une sorte de conscience éminente veillerait sur la cité.
Paul Valéry , Propos sur l'Académie Française, 1935
L'Académie : une richesse pour aujourd'hui et pour demain
Fidèle à l'esprit de ses fondateurs, l'Académie est aujourd'hui encore une assemblée de personnalités cultivées, hommes et femmes venant d'horizons intellectuels et de formations professionnelles forts différents qui partagent la même démarche de recherche, de débat, d'échanges de vues sur tous les sujets touchant non seulement aux arts, aux sciences et aux belles lettres, mais aussi à toutes les disciplines auxquelles leurs contemporains du XXIe siècle peuvent s'intéresser. L'Académie est donc un lieu privilégié de rencontre, de stimulation intellectuelle, de participation à l'élaboration des savoirs de demain. Elle se veut également un creuset d'idées donnant sens à notre civilisation prise dans le tourbillon de l'urgence et aussi en quête de sens, creuset dans lequel chacun pourrait puiser et alimenter sa réflexion.
L'Académie de Caen, fondée en 1652
“Nulle société n’eut une période plus brillante que celle de Caen…
Elle eut des membres qu’auraient pu lui envier toutes les Académies de l’Europe”
Francisque BOUILLIER
L’Académie de Caen a connu, surtout au XVIIe et au XVIIIe siècle, un certain nombre d’avatars, au cours desquels les hommes ont dû affronter toutes sortes de situations inattendues, souvent embarrassantes, parfois épineuses, toujours révélatrices en tout cas de la qualité profonde des individus; or, il est réconfortant de constater qu’en ces diverses conjonctures l’Académie a, le plus souvent et tout naturellement, privilégié ses raisons d’être : amour des Belles-Lettres, désintéressement, sens de l’échange, et qu’elle a manifesté dès le début un “esprit de corps” qui ne lui fera jamais défaut tout au long de son existence, y compris jusqu’aux périodes les plus récentes.
Pourquoi une Académie ? pourquoi Caen ?
La première moitié du XVIIe siècle représente un tel bouillonnement économique et politique, ainsi qu’une telle effervescence philosophique, religieuse et scientifique, qu’on ne peut s’étonner, dans le même temps, d’un renouveau littéraire et culturel, dont témoigne la fondation de l’Académie française en l635 ; dans cette mouvance, vont se créer un peu partout dans le royaume " de petits cercles d’amis associés par les mêmes goûts, dont les réunions deviennent de plus en plus régulières par le plaisir de se voir et par le charme des choses de l’esprit " (Francisque Bouillier).
C’est ainsi qu'à Caen, où la tradition culturelle est longue, est créée en l652 la première académie littéraire de province, après l’Académie française, faisant de cette ville "l'Athènes normande". Par la suite fut créée la première Académie de Physique de France (l662), à la destinée éphémère, mais qui aura précédé de quatre ans la fondation de l’Académie de Sciences de Paris !